Morille de feu : rive Ouest
Dernière mise à jour : 2 juil.
Aux trois premiers membres de l’expédition Claire, Geneviève et Philippe, se joindront aujourd’hui trois nouvelles personnes, Andrée-Anne, Charlotte et Ludovic. Une palette d’équipement doit également arriver durant la nuit…
Journal d’expédition de Claire Benoit, Trésors des bois
Jeudi 6 juin
Il est minuit et demi, le train de marchandises QNSL passe et ne ralentit pas. Mais où est la palette ?! Je retourne me coucher, palette ou pas palette, je ne peux rien y faire. Quelque temps plus tard (45 min ou quelques heures, va savoir), nous sommes réveillés par un boucan d’enfer. Fiou, ce doit être la palette.
Après une nuit entrecoupée par les nombreux passages du train, je me lève pour confirmer que la palette est bel et bien arrivée. À ma grande surprise, la palette est sur le bord du chemin de fer, mais vidée ! Philippe, levé aux aurores, a fait des allers-retours pour vider le matériel et le répartir dans le camp. Je lui lève mon chapeau, il y avait pas loin de 800 livres de stock pour un seul homme (moteur, zodiac, poêle à bois, tente prospecteur, …)
En attendant que nos trois comparses arrivent, Geneviève et Philippe s’assurent qu’il y ait quelques emplacements accueillants pour leurs tentes. Il est également temps de monter la cabine de douche, un peu d’eau qui a réchauffé sur le sable en journée, ça fait du bien !
Nous avons le temps de déballer le bateau. Mais où est la pompe du zodiac ? On croise les doigts pour qu’Andrée-Anne l’ait cachée dans ses bagages. (Fiou c’est bien le cas, on le saura un peu plus tard.) Quelques klaxons au loin nous informent que le train est proche, juste le temps de se rendre au bord du chemin de fer pour accueillir les nouveaux venus. Charlotte descend une caméra à la main (comme toujours) pour immortaliser ce moment. Le temps d’apporter les bagages, le ravitaillement en eau et en bière St-Pancrace et d’installer les tentes au camp, et nous voilà prêts pour de nouvelles aventures sur la rive Ouest de la Moisie.
Photos Charlotte B.-Domingue
Dernière étape avant le départ : préparer le volet nautique. C’est dans l’excitation d’aller visiter l’autre rive avec ses peuplements de pin gris que nous nous attelons à la tâche du gonflage du zodiac. Gonflage de la partie 2, pourquoi entendons-nous de l’air ? Zut, le bateau est percé ! Commence alors une inspection à l’eau savonneuse. Rien !!! Mais où est la fuite ?! On se résigne à gonfler le reste du bateau (d’un coup que la fuite soit interne, entre deux sections). Résultat : une fois le bateau gonflé en entier, tout est sous contrôle, plus de fuite. Le stress redescend d’un cran.
Installation du plancher, des pagaies, remplissage du bidon d’essence, du moteur et nous voilà prêts. Il ne nous reste qu’à enfiler nos vestes de flottaison. Nous sommes six personnes + Gadelle (le chien). Qui seront les trois premiers chanceux à débarquer sur l’autre rive ? Ce sont Philippe, Ludovic et Claire, traversés par Andrée-Anne la navigatrice, qui retourne chercher Charlotte, Geneviève et Gadelle.
Il faut grimper le talus, une montée parsemée de moments cocasses. La chaussure de Charlotte s’engouffre dans un endroit humide. J’ai failli piétiner une perdrix sans le vouloir, elle est sortie de la végétation un pas devant nous avant de nous offrir une parade. Dans tout ça, on a bien ri.
Le talus riche avec sa végétation d’épinette blanche, sapin, peuplier, n’a pas brûlé intensément malgré les débris au sol et n’a pas d’intérêt pour la morille. Sur le dessus du talus, dépôt sableux, peuplement dominé par l’épinette noire avec quelques pins gris. Initiation à la boussole pour Ludovic qui nous conduit dans les premiers mètres du transect, long de près 1,5 km, en suivant l’azimut que nous lui avons donné.
Photos Charlotte B.-Domingue
Bien que l’intensité du feu sur la carte de Jean-François Bourdon soit modérée, les microsites propices à la morille sont peu fréquents ; le sol n’a pas brûlé fort, de la matière organique est très présente et nous voyons rarement le sol minéral. La fin du transect est plus intéressante, il y a plus de pin gris avec quelques microsites propices (racines exposées, sol minéral visible au pied de petits groupes d’arbres).
Andrée-Anne fait un tête-à-tête avec un engoulevent ; l’oiseau était paisiblement installé sur un tronc d’arbre au sol, pour le bonheur des autres personnes autour, Charlotte a réussi à le prendre en photo. Arrivés au bout du transect, nous décidons de faire le chemin de retour par la transect qui traverse le milieu potentiellement le plus propice à la morille, dominance de pin gris avec quelques épinettes noires et cladonie (mousse à caribou). Puisque la matière organique est très mince dans ce genre de milieu, nous retrouvons des microsites propices à la morille mais de façon éparse. Le pied de petits groupes d’arbres est brûlé intensément, le sol minéral est visible, mais aucune morille à l’horizon.
Pourquoi ? Est-ce que l’on est trop tôt ? Est-ce qu’il a manqué de pluie ? Nous revenons une fois de plus bredouilles mais nous avons pu cibler les secteurs où il faudra se concentrer s’il y a fructification. Nous traversons de nouveau la rivière pour revenir au camp. Puisque nous sommes littéralement couverts de suie de la tête aux pieds, direction la douche pour certains et la rivière pour les plus courageux. Évidemment nous en avons profité pour prendre quelques clichés avant de retrouver notre propreté. On se croirait tout droit sortis des mines comme sur les vieilles photos en noir et blanc.
Photos Charlotte B.-Domingue
Vendredi 7 juin
Au début de la journée, nous profitons du fait que nous sommes six pour scinder le groupe en deux. Trois personnes vont rester au camp pour monter la tente prospecteur et les trois autres vont partir explorer un autre secteur de pin gris à 35 km de bateau vers le Nord. C’est ma première expérience à la barre d’un bateau. Nous partons Philippe, Andrée-Anne et moi-même pour nous rendre dans un peuplement dominé par la cladonie et le pin gris avec intensité du feu de moyenne à faible.
(Note de la rédaction : dans le journal d'expédition apparaissent ensuite une série de notes techniques sur les secteurs visités, toujours pas de morille mais découverte des sites les plus intéressants depuis le début de l’aventure…)
Sur le chemin du retour, j’ai reconduit mes deux comparses à bon port, je ne saurai cacher que j’ai dû m’y reprendre plusieurs fois pour m’accoster, il y a un début à tout, alors voilà. Nous rejoignons nos trois amis au camp, qui nous attendent avec de la bière fraîche et le repas est en cours de préparation, tortilla de maїs de Geneviève pour accompagner le chili Happy Yak, un régal.
Depuis le début de la journée, Mireille nous tient informés de l’avancement du train via le spot. Quel bel outil pour recevoir de l’information de notre personne ressource en ville et nous rapporter chaque jour pour assurer que nous sommes en sécurité. Et je n’aurais pas pu demander mieux que quelqu’un comme Mireille pour ce rôle, merci infiniment !
Oups, on est sur notre lancée à discuter, un message de Mireille nous annonce que le train est proche. Il est temps de se déplacer au bord du chemin de fer pour accompagner Philippe, qui quitte aujourd’hui, ce n’est qu’un au revoir. Merci à Agriboréal de nous avoir prêté ses services ; son expérience et son expertise ont été essentielles à l’expédition.
À suivre...
Photos Charlotte B.-Domingue
Des photos sur l'évolution de la foresterie et ses acteurs, par l'ingénieur forestier Jacques Duval
Il y a dix ans, l’Association forestière Côte-Nord lançait la rubrique hebdomadaire En vedette sur sa page Facebook.
Portraits des participants à l'expédition Morille de feu
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