Morille de feu : une morille !
Dernière mise à jour : 2 juil.
Claire, Geneviève, Karina et Caroline sont les membres de l'expédition présents en ce moment. Une découverte encourageante les attend.
Journal d’expédition de Claire Benoit, Trésors des bois
Mardi 11 juin
Matin relax, nous prenons le temps de déjeuner sans trop se presser. Nous souhaitons accueillir Loyd, notre voisin de campement pour les deux prochains jours. Les présentations faites, nous lui donnons un coup de main pour apporter le matériel laissé au bord du chemin de fer. Puis nous commençons à nous activer. Nous scindons le groupe en deux. Karine et Caroline vont récolter des pousses de sapin pendant que Geneviève et moi allons traverser la rivière pour atteindre la source d’eau ; il est temps de se ravitailler en eau.
L’envie est trop forte d’aller visiter le site témoin que nous avons arrosé quelques jours plus tôt (8 juin). Pendant que Geneviève remplit les bidons, je décide donc de grimper le talus pour retrouver le secteur que nous avons identifié. Je m’attarde à regarder avec la plus grande attention le pied d’un pin gris, quand tout à coup une petite forme d’environ 2 cm attire mon œil. Est-ce que je rêve ? Et bien non, c’est bel et bien une morille ? Je n’en crois pas mes yeux. Tout excitée par ma découverte, je regagne à grande vitesse le haut du talus pour crier à Geneviève : « Il y a une morille ! »
Je laisse mon petit trésor sur place, nous reviendrons en groupe un peu plus tard. Je redescends près de Geneviève, qui me demande : « As-tu pris une photo ? » Euh… non. Dans l’excitation du moment, j’ai oublié de prendre ma trouvaille en photo. Pas le choix d’y retourner avant de regagner l’autre rive, on ne peut quand même pas dire qu’on en a trouvé sans preuve à l’appui.
On grimpe le talus, nos gourdes bien remplies d’eau de source. Comme dirait Geneviève, « il faut entretenir la permaculture ». Je la mets au défi de trouver le petit trésor, elle y parvient sans trop de difficulté. Il est temps de l’immortaliser dans nos téléphones. Dommage que Charlotte notre photographe ne soit plus là. Après quelques clichés, un arrosage de 3,5 litres d’eau au pied de la morille. Nous regagnons l’autre rive informer les autres de cette incroyable trouvaille.
À ma grande surprise ils sont déjà au courant !?!? Mais comment est-ce possible !?!? Lorsque j’ai crié du haut du talus, ma voix a porté jusqu’au campement !
Photo Claire Benoit
Loyd est extrêmement serviable et charge les bidons d’eau dans son 6 roues pour que nous n’ayons pas à les rapporter jusqu’au campement. Il est temps de se préparer pour aller prospecter le reste du secteur, d’un coup on en trouve ailleurs. C’est parti, tout le monde en bateau ! On profite de l’occasion pour faire un second arrosage de 8 litres dans le secteur témoin. Avec plus ou moins d’indices, tout le monde a la chance de se faire l’œil et de trouver la morille.
Nous parcourons le reste du secteur. Sans grande surprise, nous revenons bredouilles, c’est extrêmement sec ! On en profite pour cueillir des fleurs de thé du Labrador en chemin. Nous pouvons conclure grâce au secteur témoin qu’il manque d’eau pour la fructification des morilles. Nous attendons avec impatience les 10 mm de pluie prévus vendredi.
Nous rentrons au bercail pour dîner et nous récoltons des pousses de sapin pour le reste de l’après-midi. La quantité de mouches est phénoménale. Loyd se joint à nous dans l’abri moustiquaire pour trinquer à la première morille de feu de notre expédition. Nous parlons de tout et de rien, la soirée passe à une vitesse folle. Après quelques parties de belote, ça baille aux corneilles. Il est temps d’aller rejoindre les bras de Morphée. Chacun regagne sa tente. Pour la première fois, je me couche soulagée. Nos efforts ne sont pas en vain, il y a bien des morilles de feu à Sept-Iles. Il ne reste qu’à faire la danse de la pluie.
Photo Charlotte B.-Domingue, pousses de sapin
Mercredi 12 juin`
Tout le monde a bien dormi. Geneviève et moi n’entendons même plus les trains la nuit. C’est l’heure du déjeuner, le gruau est très populaire avec des fruits déshydratés. Les fruits lyophilisés font fureur, merci Les Fleurs du malt ! Revirement de situation pour Loyd, il devait quitter ce soir avec le train, mais à cause du feu au Labrador, le train a fait demi-tour hier et nous n’étions pas au courant. Il a fini par trouver une solution : il quitte demain matin en hélico. Comme quoi il est très important d’avoir de bons moyens de communication en milieu isolé même si c’est pour un séjour très court.
Il fait trèèèès chaud en ce début de matinée. Nous décidons d’aller cueillir des pousses de sapin. Nous avons la chance d’être dans un secteur qui a été épargné par le feu et il ne manque pas de sapin dans ce coin-là. Une fois les sacs de récolte pleins, nous prenons une pause les pieds dans une petite rivière. On en profite pour prendre une petite collation avant de repartir. Je fais un saut au camp pour déposer les pousses de sapin, 5 kg de plus pour la récolte 2024. Nous retournons prospecter, pour la forme, un secteur brûlé intensément dans l’épinette, que nous avions visité avec Philippe le premier jour.
Photos Claire Benoit
De retour au camp nous dînons et il y a de l’action. D’abord nous apprécions la visite d’un renard curieux, une chance que Gadelle, exténuée, n’a rien vu. Quelques instants plus tard, j’entends un bruit dans la végétation, cette fois c’est fois c’est un petit lièvre qui passe à toute allure devant moi. Cette fois Gadelle est bien intéressée, elle fait des aller-retours la truffe au sol, mais revient bredouille.
Nous donnons un dernier coup avant la fin de la journée. Pendant que Karina et Caroline retournent cueillir des pousses de sapin, Geneviève et moi retournons au secteur témoin. La petite morille n’a pas poussé d’un millimètre. Nous décidons de la cueillir pour la faire déguster aux filles. L’odeur de la morille est caractéristique. Bien que minuscule, ce petit trésor devrait ravir les papilles de nos invitées. Avant de repartir, nous ouvrons l’œil à la recherche d’une autre morille… RIEN !
Je me lance dans une mission d’arrosage avec un gros bidon d’eau de 23 litres, deux fois je monte le talus, pour 46 litres d’eau ajoutés aux alentours de l’endroit où la morille a pointé le nez. Croisons nos doigts une fois de plus. En retournant au camp, le plaisir de Geneviève est palpable aux commandes du zodiac, le sourire jusqu’aux oreilles. Chacun ses petits plaisirs, le mien est le décrassage de fin de journée dans la Moisie.
Les mouches sont insoutenables en soirée, nous avons droit à un petit répit grâce au savon corporel anti-moustique de l’Atelier d’Éliane. Au-delà de l’étiquette personnalisée pour l’expédition, ils sont jolis et très efficaces.
Photo Charlotte B.-Domingue, les savons sur mesure
Jeudi 13 juin
Nous saluons Loyd qui est sur son départ. Caroline devait quitter aujourd’hui en hélico mais le ciel était bouché à Sept-Iles et personne n’a décollé ce matin. Nous partons visiter le secteur témoin : aucun signe de vie de morille. Nous arrosons encore, ça ne peut pas nuire. Nous parcourons le beau plateau de pin gris, non pas pour les morilles (bien que nous jetions des coups d’œil au pied de quelques arbres fortement brûlés par acquis de conscience), mais pour trouver les beaux petits pompons blancs très odorants que sont les fleurs de thé du Labrador. De retour au camp nous pesons notre récolte qui totalise 2 kg, direction le séchoir. La pluie tant attendue devrait arriver au courant de la nuit. Nous préparons des bûches qui serviront à alimenter le poêle à bois de la tente prospecteur demain afin de déshydrater les pousses de sapin et les fleurs de thé du Labrador.
Notre vœu avant de dormir : de la pluie en grande quantité.
Photos Claire Benoit
À suivre...
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